Un peu à l’écart des itinéraires classiques de Marrakech, Bab El-Khemis mérite largement un détour. Cette porte monumentale, l’une des plus anciennes de la ville, remonte au XIIᵉ siècle, à l’époque de la dynastie des Almoravides, puis fut renforcée sous les Almohades. Autrefois, elle marquait l’entrée nord-est de la médina, et donnait accès à un grand marché hebdomadaire, d’où son nom : « el-Khemis », qui signifie « jeudi » en arabe.
Autour, un quartier populaire, vivant, parfois un peu chaotique… mais tellement authentique. Ici, pas de boutiques chic ni de cafés branchés, juste la vraie vie marrakchie, brute et chaleureuse. On y croise des marchands de tapis, des brocanteurs, des enfants qui jouent, des mobylettes un peu trop rapides, et beaucoup de sourires.
C’est l’endroit idéal pour changer de décor après une visite dans les souks surpeuplés. On y respire un autre Marrakech, plus discret, moins pressé, plus franc aussi. Et ça fait du bien.
Elle en impose. Avec ses pierres rouges patinées, ses arcs puissants et ses murs épais, Bab El-Khemis est une des rares portes à avoir conservé sa structure d’origine. Elle date du XIIe siècle, rien que ça. On passe sous son arche comme on passe un seuil symbolique, entre l’histoire et le présent. Prenez le temps de l’observer sous tous les angles, surtout au lever ou au coucher du soleil.
Derrière la porte, un autre monde s’ouvre. Ici, pas de babouches alignées ni de sacs en cuir flambant neufs. Le souk de Bab El-Khemis, c’est le royaume de l’occasion. Meubles usés, objets improbables, outils rouillés, mais aussi tapis anciens, bijoux d’un autre temps, et parfois de vraies merveilles. Un joyeux bazar à ciel ouvert, parfait pour chiner. Les enfants adorent fouiller dans les caisses, et les parents se prennent au jeu.
Avec un peu de flair et de patience, on peut tomber sur une lampe en laiton, un miroir sculpté, ou même une vieille radio qui a survécu à trois générations. Ce n’est pas un musée, mais presque. Chaque objet semble avoir une histoire, et souvent, le vendeur aussi. Et même si vous n’achetez rien, l’expérience vaut le coup.
Ici, on croise peu de touristes. Des commerçants, des écoliers, des femmes en djellaba, des hommes qui discutent en réparant des vélos. On regarde, on écoute, on s’imprègne. C’est un coin parfait pour ceux qui aiment voyager en dehors des cartes postales.
En s’éloignant un peu des étals, on tombe sur de petites mosquées discrètes, des écoles coraniques, des riads effacés derrière de grands murs. Rien n’est vraiment indiqué, mais c’est là tout le charme. Pour les curieux, le quartier réserve souvent des surprises.
Comment s’y rendre : Depuis la place Jemaa el-Fna, il faut compter une vingtaine de minutes à pied, ou une dizaine en taxi. C’est aussi l’un des accès principaux si vous venez de l’extérieur de la médina.
Horaires recommandés : Le matin, c’est animé sans être bondé. Le jeudi est jour de marché : c’est un peu plus fou, mais aussi plus vivant. L’après-midi, l’ambiance est plus calme, parfois un peu endormie.
Est-ce adapté aux enfants ? Oui, mais attention à la circulation dans certaines ruelles. Le marché peut être dense, alors mieux vaut garder la main des plus jeunes. En revanche, le côté bric-à-brac plaît souvent beaucoup aux enfants curieux.
Sécurité, ambiance, comportements à adopter : Le quartier est sûr, même s’il peut sembler un peu désordonné. Comme toujours, restez souriants, respectueux, évitez de photographier les gens sans demander. Et négociez avec humour, ça fait partie du jeu.
Quoi porter, quoi emporter ? De bonnes chaussures, un sac léger, un peu d’eau. L’endroit est vaste et il fait vite chaud. Et si vous aimez chiner, prévoyez un peu de place dans votre valise, on ne sait jamais…
Envie d’élargir la visite après avoir découvert Bab El-Khemis ? Bonne nouvelle : les alentours regorgent de lieux typiques, accessibles à pied, parfaits pour prolonger l’expérience marrakchie en douceur. Voici six idées qui valent le détour :
Les remparts de Marrakech : Impossible de les manquer. Ces hauts murs de pisé encerclent la médina depuis des siècles. Une balade le long des remparts, surtout en fin de journée, permet d’admirer les nuances de lumière sur la ville et, par temps clair, les sommets enneigés de l’Atlas en toile de fond. Parfait pour une petite marche tranquille.
Le jardin de l’ancienne Koutoubia : Moins touristique que les grands jardins de Marrakech, ce coin de verdure discret est idéal pour faire une pause. Des bancs à l’ombre, quelques palmiers, et une atmosphère paisible. Idéal pour se reposer avec des enfants ou feuilleter un guide de voyage entre deux visites.
Les quartiers populaires de l’est de la médina : Pour ceux qui aiment sortir des sentiers battus, cap sur Bab Debbagh, le quartier des tanneries. On y découvre un savoir-faire ancestral, des odeurs fortes, et une ambiance brute, sans filtres. Moins jolies que celles de Fès, mais tout aussi marquantes. À faire avec un guide ou accompagné.
Le souk de Bab Aghmat : À quelques rues de là, ce souk de quartier propose une ambiance locale et des produits du quotidien : fruits, légumes, épices, tissus… Rien de très touristique, mais c’est justement ce qui plaît. L’idéal pour observer la vie locale ou acheter un en-cas sans se faire assaillir.
Les petites mosquées et zaouïas du quartier : Entre deux ruelles, on tombe parfois sur des petites mosquées discrètes, des écoles coraniques, ou même une zaouïa (lieu religieux traditionnel). L’accès est souvent réservé aux musulmans, mais rien n’empêche de les admirer de l’extérieur et de s’imprégner du calme qui y règne.
Cafés et restos locaux : Pas de carte traduite en cinq langues ici. Juste des petits restaurants simples, où le tajine mijote lentement et où le thé brûlant arrive avec un sourire. On y mange bien, pour pas grand-chose, souvent en terrasse. Un vrai bon plan pour goûter à la cuisine marocaine sans fioritures.
Bab El-Khemis, ce n’est pas le Marrakech des cartes postales. Ce n’est pas la place Jemaa el-Fna, ni les jardins Majorelle. Et c’est justement pour ça qu’il faut y aller. On y découvre une autre facette de la ville, plus locale, plus libre, plus spontanée. Un Marrakech qui ne se maquille pas trop, mais qui sait accueillir.
Alors si vous cherchez un coin différent, une balade pleine de trouvailles, un endroit où vos enfants peuvent courir entre deux étals pendant que vous négociez une théière cabossée… ne cherchez plus. C’est ici.
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