Juste de l’autre côté de Rabat, en traversant le Bouregreg, on tombe sur Salé. Calme, un peu oubliée des touristes, mais pleine de surprises. Chaque année, la ville s’embrase de spiritualité et de cire fondue pour une cérémonie rare : la procession des cierges. C’est beau, c’est lent, c’est intense. Et surtout, c’est unique au Maroc.
La procession des cierges se déroule dans la médina de Salé, cœur historique et spirituel de la ville. Le point central de l’événement est le mausolée de Sidi Abdallah Ben Hassoun, vénéré par les habitants comme un saint protecteur. C’est depuis ce lieu que le cortège s’élance, au milieu des ruelles étroites, transformées pour l’occasion en véritables scènes rituelles.
Le parcours traverse les artères principales et les passages plus secrets de la médina, bordés de maisons anciennes, de commerces fermés pour l’occasion et de balcons d’où les familles observent la scène. L’ambiance est dense, portée par la ferveur locale, mais jamais étouffante. On est loin des grands événements touristiques calibrés. Ici, c’est un moment authentique, profondément ancré dans la culture de Salé.
Elle a lieu la veille du Mawlid, la fête de la naissance du Prophète. La date varie, forcément. Il faut suivre le calendrier lunaire. Ce soir-là, les rues s’animent dès la fin d’après-midi. Les habitants sortent, les enfants sont habillés en habits du dimanche, les vendeurs de cacahuètes reprennent du service. L’ambiance monte doucement, rien de brusque. Une montée en lumière, comme la cire qui chauffe.
La procession des cierges se tient traditionnellement la veille du Mawlid, la fête célébrant la naissance du Prophète Mohammed. Cette date varie chaque année, conformément au calendrier lunaire islamique. Dès la fin d’après-midi de cette soirée particulière, les rues de Salé s’animent progressivement. Les habitants se rassemblent, souvent vêtus de leurs plus beaux habits, tandis que les vendeurs ambulants reprennent leur activité, créant une atmosphère à la fois festive et recueillie. L’ambiance s’installe lentement, avec une montée en intensité qui évoque la lente fonte de la cire, symbole de lumière et de dévotion.
Les cierges arrivent lentement, portés à bout de bras par des hommes concentrés, presque habités. Certains sont si grands qu’il faut s’y mettre à quatre, avançant au pas, en cadence avec les tambours sourds et les invocations récitées à voix basse. Tout commence en fin d’après-midi, quand la lumière commence à décliner. Les porteurs se rassemblent près du mausolée de Sidi Abdallah Ben Hassoun, puis le cortège s’élance à travers les ruelles de la médina.
Le parcours serpente dans les rues étroites, passe devant les mosquées, les maisons aux balcons en bois, avant de rejoindre les grandes artères de la ville. Tout le monde sait plus ou moins par où ça passe, mais le tracé exact change légèrement chaque année. Ce flou ajoute à l’attente. Les habitants sortent sur le pas de leur porte, les enfants grimpent sur les rebords, et les touristes cherchent la meilleure vue sans vraiment savoir ce qu’ils attendent, jusqu’à ce que ça commence.
Le silence tombe presque naturellement quand le cortège approche. Les porteurs marchent avec une lenteur maîtrisée, presque rituelle. Il ne se passe rien, et pourtant tout se joue dans ce « rien » : l’effort, la foi, la mémoire. Le public se tient là, suspendu, entre les tambours et les éclats de lumière que les flammes projetent sur les murs blanchis à la chaux. Même les appareils photo semblent hésiter à rompre cette ambiance.
Et quand le cortège touche à sa fin, quand le dernier cierge s’éloigne au coin d’une ruelle, on reste un instant immobile. Comme si personne n’avait envie de casser le charme trop vite. C’est un moment de ville ralentie, de ferveur calme, de beauté brute. Une procession où, pour une fois, ce ne sont pas les mots ou les discours qui comptent, mais la manière dont chacun avance, ensemble, dans la pénombre.
Accès depuis Rabat : Tramway ligne 1, arrêt Bab Lamrissa (15 min depuis le centre) ; Taxi : environ 30 à 40 dirhams (3 à 4 €), trajet rapide. Si vous êtes en voiture, privilégiez les parkings autour de Bab Lamrissa, à l’entrée de la médina, et évitez la médina, les ruelles sont trop étroites pour les voitures.
Heure d’arrivée conseillée : Vers 17h pour éviter la foule et trouver un bon emplacement.
Où se placer : Le meilleur endroit pour profiter du moment est aux abords de la médina, près de Bab el-Mrissa.
Tenue recommandée : Optez pour des vêtements sobres, épaules couvertes, et pas de shorts ni de débardeurs.
Chaussures : Prenez des chaussures confortables et fermées. Les rues sont pavées et vous allez rester debout longtemps.
Hébergement : Mieux vaut dormir à Rabat, vous aurez plus d’options et le retour est facile en tram ou taxi.
Durée sur place : Prévoyez 2 à 3 heures, entre la préparation, la procession et la fin du défilé.
Parce qu’elle est rare, tout simplement. Même au Maroc, pays de traditions vivantes, des processions de ce type, aussi intimes et préservées, il n’y en a pas des dizaines. Celle de Salé conserve un charme brut, authentique, encore épargné par les circuits touristiques trop bien huilés. C’est une facette discrète du pays, loin des médinas décoratives ou des souks à selfie, où la spiritualité se vit encore dans la rue, portée par ceux qui y croient vraiment. Et franchement, entre un hammam parfumé à Marrakech et une procession de cierges à Salé, il y a parfois des émotions qui ne se programment pas, des moments qu’on ne capture pas avec un téléphone, mais qui restent, eux, longtemps dans la mémoire.
La procession des cierges à Salé, c’est plus qu’un événement. C’est un moment suspendu, entre nuit et lumière, entre passé et présent. Une tradition qui se vit plus qu’elle ne se raconte. Et une façon simple, sincère, de voir le Maroc autrement. Pas dans les vitrines, mais dans les flammes lentes d’un cierge porté avec ferveur.
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